La cuvette oasienne peut se définir comme une unité géomorphologique spécifique, dépressionnaire, inter dunaire, de taille réduite (quelques ares à quelques hectares), à sols argileux. Elle présente une nappe d’eau provenant du lac Tchad, pratiquement affleurante ou proche et un écosystème caractérisé par deux à trois étages de végétation (dattiers, autres fruitiers et cultures annuelles par endroit). La présence de natron en son centre reste plus ou moins variable mais sans être systématique. Enfin on peut distinguer les cuvettes principalement agricoles et fruitières, les cuvettes pastorales et sylvicoles et les cuvettes de natron (présence de sol salé). Ces cuvettes sont menacées par l’ensablement. L’ensablement est un phénomène lourd de conséquences au Sahel : menace sur l’habitation et sur le maintien de la vie rurale, réduction de la capacité de production, contraintes fortes sur l’économie domestique, exode rural, etc. Ce document présente les réponses opérationnelles et sociales face à l’ensablement et les enseignements des activités de l’ONG Karkara à l’Est du Niger.
Le Mangari (territoire du groupe manga) est véritablement pris d’assaut depuis au moins trois décennies par un spectaculaire ensablement qui va jusqu’à encercler progressivement, voire engloutir certains villages. Il est vrai que le positionnement de l’habitat traditionnel manga répondait à un ordre établi, dicté notamment par une activité agro pastorale et artisanale dominante. Cette activité imposait une localisation singulière des villages en bordure directe des cuvettes. La surveillance de ces cuvettes, véritables creusets de vie et de richesse, était possible grâce au positionne ment traditionnel des villages sur les dunes environnantes. Cette localisation de l’habitat rural, singulière mais logique, et une surexploitation du sol et de la végétation (champs dunaires, concentration d’animaux, exploitation du bois…) dans la périphérie des villages ont rendu certaines cuvettes particulière ment sensibles au phénomène d’ensablement.