Après les sécheresses des années 70-80, la gestion des ressources naturelles et particulièrement les ressources forestières au Niger est devenue une préoccupation majeure de l'Etat, soutenu par les partenaires au développement et les populations locales. Des nombreuses études ont montré un reverdissement de certaines localités suite à l'adoption de la technologie de la régénération naturelle assistée (RNA). Les populations bénéficiaires ont été organisées en structure locale de gestion (SLG) des ressources naturelles en général et la RNA en particulier. Cependant, très peu des connaissances sont documentées sur les rôles spécifiques des structures villageoises en matière de gestion des ressources naturelles au Niger. C'est pourquoi cette étude vise à compléter les rapports publiés et non publiés sur les rôles joués par les producteurs ruraux et les communautés dans la mise en œuvre de la RNA.
Face à la dégradation de l’environnement et à la forte pression foncière, les agriculteurs des zones densément peuplées, et notamment du centre-sud du Niger, ont intensifié leurs systèmes de production agricole. Ils l’ont fait en augmentant le nombre d’arbres et d’arbustes dans leurs champs, créant ainsi de nouveaux parcs agroforestiers dont l’échelle dans les régions de Zinder, Maradi et Tahoua est d’environ 5 millions d’hectares (Cotillon et al., 2021). Ce reverdissement n’est pas basé sur la plantation d’arbres. Depuis le milieu des années 1980, les agriculteurs protègent et gèrent la régénération naturelle des arbres et des arbustes sur leurs terres cultivées. De nombreuses études montrent que la régénération naturelle gérée par les agriculteurs a permis d’augmenter les rendements des cultures de 31 à 350 kg/ha et d’assurer la sécurité alimentaire des familles, même pendant les années de sécheresse. Mais les rendements céréaliers restent faibles et ne suffiront pas à nourrir une population en croissance rapide.