À partir de l’analyse socio-historique du travail des conseillers agricoles, cet article interroge la conduite de la politique de modernisation menée après la Seconde Guerre mondiale. Les conseillers y jouent un rôle déterminant en prescrivant de nouvelles méthodes de production et en favorisant la mobilisation collective des agriculteurs. Ils s’appuient sur des savoirs techniques ainsi que sur leur connaissance pratique du milieu agricole et, surtout, ils déploient des trésors d’ingéniosité pour démontrer leur dévouement à leurs interlocuteurs, sans sortir des cadres fixés par leurs employeurs. Ces capacités d’adaptation, constitutives de leur métier, sont d’abord fortement valorisées puis, à partir des années 1970, critiquées pour leur non-conformité avec les nouveaux impératifs de bureaucratisation, de spécialisation et de marchandisation du conseil agricole.
Cette expérience vise à contribuer à la structuration du milieu paysan accompagnant un processus de démocratisation économique et politique. Mais face à l’ampleur des besoins de services, aux difficultés institutionnelles et à l’environnement économique défavorable, quelles perspectives de viabilisation en dehors de toute politique agricole régulatrice ? C'est à travers l'expérience particulière des centres Faranfasi So en zone Office du Niger au Mali que nous proposons de mener cette réflexion.